Partenariat public privé : le Congo pose les jalons de la cacaocultureMercredi 1 Avril 2015 - 14:30 « Faites de sorte que le Congo redevienne un pays producteur de cacao ! », a lancé le ministre d’État, ministre de l’Économie et des finances, Gilbert Ondongo, aux responsables de CIB-OLAM lors de l’inauguration de «la plus impressionnante pépinière sur le plan quantitatif et qualitatif jamais réalisée au Congo», selon le juste propos entendu le 16 mars dernier à Pokola, dans le département de la Sangha. La mise en service de cette pépinière donne sa force à la diversification de l’économie qui, avec des partenariats publics-privés, cesse d’être un vain slogan au Congo. En effet, « La pépinière de Pokola est le symbole de la promesse que le secteur agricole prend durablement sur l’avenir de la diversification de l’économie nationale », déclarait le ministre de l’Agriculture, ce jour-là, pour fixer son auditoire. Saluant l’expertise de la Congolaise industrielle des bois (CIB), filiale du groupe Olam, dans le pilotage de ce projet, le ministre a reconnu que cette pépinière est un « succès dans le choix des investissements publics du gouvernement de la République » rappelant au passage le milliard « librement affectable » qu’a mobilisé l’État depuis deux ans. Un plan quinquennal pour mieux booster la filière La relance de la filière cacaoyère était considérée comme une gageure pour le Congo, après des décennies de déclin qui se traduisent sur le terrain par l’inadéquation des techniques, le vieillissement des plantations, le manque de moyen et l’absence de soutien. « Il s’agissait en réalité de partir de zéro », avouait un expert du ministère de l’Agriculture. Si le partenariat entre le ministère de l’Agriculture et CIB-Olam a été signé le 27 juin 2012, il a fallu attendre mars 2014 pour qu’un Plan de développement de la production du cacao (PND-cacao) voie le jour. « Ce plan vise la reconstitution d’un verger productif à haut rendement de 23.000ha en 5 ans, la vulgarisation des techniques de pépinière, de plantations et de conduite de cacaoyères. Cette politique agricole de diversification économique est financée par le Gouvernement de la République du Congo, conçue et supervisée techniquement par le ministère de l’Agriculture qui en est le maître d’ouvrage et réalisée par la CIB qui en est le maître d’œuvre », précise Jean-Dominique Bescond, responsable du Projet cacao de CIB-Olam. « Une étape est franchie » certes, mais le plus dur est à venir… « Cette pépinière a une capacité maximale d’1,7 million de plants par an, répartie en deux périodes de production. Elle pourra permettre la plantation de 1.400 ha de cacaoyères par an. À l’issue de cette inauguration, les 937.000 plants ici présents, seront remis gracieusement aux producteurs de cacao, puisque financés par le Gouvernement », a expliqué ce responsable de CIB-Olam qui pense que la réussite de la relance de la cacaoculture au Congo nécessite la mobilisation de tous les acteurs : planteurs, CIB-Olam, gouvernement à travers les ministères de l’Agriculture et des Finances, les partenaires au développement que sont les ONG, les institutions internationales de développement, etc. En attendant, la pépinière de Madiboungou (Pokola) donne forme au Plan national de développement de la production du cacao. Elle constitue une première étape d’un vaste réseau qui pourrait se développer dans six départements du pays, pré-identifiés que sont : la Sangha, la Cuvette, la Likouala, le Niari, la Lékoumou et le Kouilou. L’agenda conçu par les deux parties prévoit la création d’un centre de formation à Madiboungou, (1km de Pokola). Ici, des planteurs seront formés sur les nouvelles techniques de sorte que leurs productions futures passent de l’ordre de 750 kg à 1,2t à l’hectare. Le PND cacao oblige la CIB-OLAM et ses partenaires à « accompagner, former, regrouper et superviser ces planteurs » qui sont de « futurs producteurs de cacao » en leur offrant l’accès au marché et sa reconnaissance. Que dit le gouvernement de ses engagements ? Le PND-cacao se veut concret et exige d’importants moyens financiers que le ministre d’État Gilbert Ondongo a pris la peine d’évaluer au terme des échanges qu’il a eus avec les partenaires de CIB-Olam. Son opinion sur le projet se lit dans ses propos lancés au moment de la coupure du ruban symbolique de la pépinière : " Faites de sorte que le Congo redevienne un pays producteur de cacao ! Vous me disiez que nous étions déjà à 4.000 tonnes. Ce n'est pas suffisant. Je participerai de telle sorte à ce que ce soit rapidement 100.000 tonnes et un million de tonnes même pourquoi pas ? Faites prospérer le cacao dans notre pays !" Un engagement qui balaie le scepticisme des uns et plaide pour une mobilisation souhaitée des bailleurs de fonds. "Je veillerai personnellement à ce que ces ressources puissent donner du succès et que le Congo retrouve sa place qu'il aurait dû ne pas perdre", a rassuré le ministre Rigobert Maboundou qui a reconnu aussi que « l’accent doit être mis sur les cultures d’exportation comme le palmier à huile et le cacao. » L’AFD prête à investir La réhabilitation de la filière cacao va permettre de créer des milliers d’emplois en milieu rural, et de générer des revenus durables. Le Gouvernement en tirera également profit par la notoriété des produits exportés, et par la création de nouvelles sources de taxes et devises devenues nécessaires dans le contexte économique actuel, et la fluctuation des cours du pétrole. « Afin de bien mesurer l’ensemble de ces enjeux tant nationaux qu’internationaux de la relance de cette filière, des partenaires au développement tel que l’Agence France Développement (AFD) ont déjà répondu « présent », et s’apprête à lancer une étude de faisabilité nationale pour mieux maîtriser le contexte, cibler leur appui et soutenir le gouvernement de la République du Congo à fédérer d’autres institutions financières », a déclaré Jean Dominique Bescond.
Jocelyn Francis Wabout Légendes et crédits photo :Photo 1 : Le ministre d'État Gilbert Ondongo apprécie un plant de cacao, (DR)
Photo 2 : Une vue des jeunes plants sous les serres (DR) |