Mode : le sapeur Maxime Pivot Mabandza, futur mannequin japonais

Mercredi 19 Août 2015 - 15:30

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Meilleur sapeur congolais en 2010, prix Fair-play en 2012, Maxime Pivot Mabandza est également conseiller vestimentaire et formateur des jeunes sapeurs, il encadre une dizaine des jeunes gens âgés entre 20 et 25 ans. Fondateur de l’ONG Sapeurs en danger, il retrace, pour Les Dépêches de Brazzaville, les aboutissants de son voyage au Japon qui lui a permis de décrocher la participation à un grand défilé de mode qui aura lieu à Tokyo la fin de l' année 2015 et le concours Jeunes talents qu’il organise.    

Élu meilleur sapeur du Congo sur trente-deux candidats, le 28 août 2010, lors du concours « Paris en digital », organisé par Ulrich Keuter, après quatre sorties en costume, demi dakar, décontracté ou relaxe, et la tenue cérémoniale ; Maxime Pivot Mabandza, s’est vu changer sa vie. Et depuis lors, il continue à garder le titre parce que ce concours n’est plus organisé si ce n’est « Play-Boy ya makasi » ou « Meilleur sapeur de Brazzaville ». Pour toujours pérenniser l’art, il a ouvert une école de la Sape dans la rue Bangangoulou n°42 à Ouenzé dans le cinquième arrondissement de Brazzaville. Plus d’une dizaine de jeunes gens, âgés entre 20 et 25 ans, apprennent comment nouer les cravates, comment régler les couleurs, comment se comporter dans la société. Car la sape, pense ce créateur des tenues vestimentaires, c’est une culture de la paix, de l’amour, du respect de l’autre. « Un bon sapeur doit être respectueux, contrôler sa manière d’être. Il ne doit pas se battre. Il doit être un messager de la paix», a-t-il martelé.

Une visite fructueuse

Ayant entendu que la sape est une culture qui tire son origine de la République du Congo, les Japonais, qui voulaient bien toucher du doigt les origines de cette culture, atterrissent à Brazzaville en 2014 pour réaliser un documentaire sur la sape. Sur place, ils apprennent que le meilleur sapeur congolais c’est Maxime Pivot Mabandza et qu’il a ouvert même une école de la sape. Ils font une descente à la résidence de ce sapeur et le surprennent en train de dispenser les cours de la sape aux jeunes sapeurs congolais. Très émerveillés, ils entament tout de suite le tournage du documentaire, puis s’en suivent d’autres moments. Quand ils repartent pour le Japon, ils diffusent le documentaire qui connaît un franc-succès. Tous les grands couturiers sont impatients de rencontrer le formateur congolais qui prône la paix dans la sape. C’est ainsi qu’il foule le sol nippon le 25 juillet 2015. Sur place, il est bien reçu par les grands couturiers japonais. Accompagné de son nouveau manager japonais (qui lui a fait acheter beaucoup de vêtements du Japon), il discute avec des couturiers comme Takeo, Come Desgarçons, Yoshi Yamamoto, Kasamoto. Des discussions qui aboutissent par sa participation d’ici la fin de  l'année 2015 à un grand défilé de mode à Tokyo au Japon, où il a séjourné. Il devient la deuxième star africaine, après le Congolais démocratique Papa Wemba, a défilé officiellement pour le compte des couturiers japonais.

Logé à Tokyo où il a visité neuf sites, parmi lesquels le Temple de l’empereur du Japon, le Temple de Bouda, le futur mannequin japonais a été baptisé « empereur de la sape ». Les Japonais sont impressionnés sur ce mouvement et son crédo qui est  la paix. Car ils sont des partisans de la paix. Ils ne sont pas des sapeurs, mais des grands couturiers de qualité. Aussi  y a-t-il un grand photographe professionnel japonais qui est en train d’écrire un livre sur le sapeur congolais qu’il publiera la fin de l’année au Japon en sa présence.

Maxime Pivot Mabandza le descendant de Mayembo de Base, Martin Kiwoulou et Bruno Bakoua Bordeaux

Le meilleur sapeur congolais en 2010, est issu d’une famille des sapeurs. Son aîné Bruno Bakoua Bordeaux est un grand sapeur connu de tous. Un autre qui malheureusement venait de quitter ce monde, Martin Kiwoulou, était aussi un grand sapeur. Il était l’ami intime de feu Leonard Tsoulounga, dit Mayembo de Base. C’est à l’âge de 7 ans qu’ils ont commencé à le former à la sape. Ils préméditaient une bonne carrière pour leur cadet. « Plus tard, tu seras un grand sapeur. Tu es notre relève assurée », déclarait Mayembo de Base à l’époque.

Pour lui Leonard Tsoulounga dit Mayembo de Base était un prophète de la Sape, parce que ce qu’il fait au Congo dans le cadre de la sape, personne ne peut le faire. « À l’époque, nous étions des petits, mais on voyait comment il drainait la foule derrière lui. Il était craint. Même les sapeurs en provenance de l’Europe le craignaient. Dès qu’il savait qu’il y a un sapeur en provenance de Paris, il venait l’affronter vestimentairement. Une fois, il a coincé Djo Balard le roi de la sape qui tout feu, tout flamme était venu à une fête dans la rue Bangangoulou en face de la Mosquée de Ouenzé. Sachant que Mayembo de Base était dehors, Djo Balard n’est pas sortie, alors que la foule attendait de vivre cet affrontement. C’est là que tout le monde a compris la force de Mayembo. »

En souvenir de tout ce qu’il lui disait, il a décidé en tant que président de l’Association des sapeurs de Ouenzé de faire beaucoup de choses pour lui. Il a demandé plusieurs messes en sa mémoire à l’église Saint-Jean-Marie Vianney de Ouenzé (avec tous les sapeurs de Brazzaville). Il a demandé une autre messe en sa mémoire avec son défunt frère Martin Kiwoulou avant qu’il ne quitte ce monde. L’année suivante, il a demandé une autre messe des jeunes pour la paix au Congo. Cette messe a regroupé tous les sapeurs de Brazzaville en l’église Sainte-Marie de Ouenzé. Après cette messe, il est allé voir le maire de l’arrondissement 5 Ouenzé, Marcel Ganongo, pour discuter sur un projet avec lui. C’est ainsi qu’ils décident d’organiser un festival de la sape en mémoire de Mayembo de Base. Le projet largement médiatisé a connu un grand succès. Et au nom de tous les sapeurs congolais, il a remis une chemise blanche symbole de la paix aux maires des arrondissements 5 Ouenzé, Marcel Ganongo (hôte de la cérémonie), 6 Talangaï, Privat Ndéké et 3 Poto-Poto, Jacques Élion, afin que ces derniers la remettent au premier sapeur congolais, le président de la République, Denis Sassou N’Guesso. Puis a lancé un appel à tous les sapeurs : « Dans la sape, il n’y a pas d’injures, or c’est ce que font certains sapeurs actuellement. Moi, je suis contre cela, parce que la sape c’est l’art, c’est la paix. Mayembo n’était pas pour les injures, mes grands frères aussi. La sape est notre culture qui est tellement riche et qui nous demande de l’amour dans la fraternité et dans la solidarité. Je lance cet appel à tous les sapeurs vivant au Congo ou en France. »

Un  concours Jeunes talents de la sape bientôt à Brazzaville

La sape, dit  Maxime Pivot, est aussi un métier et une école. Elle est un métier parce qu’un bon sapeur peut se passer pour un conseiller vestimentaire et gagner sa vie. Elle est une école parce qu’il faut apprendre à marier les couleurs pour donner du beau. Pour ce faire, Maxime Pivot Mabandza est en train de préparer un concours appelé  Jeunes talents de la sape qui va se dérouler à Ouenzé.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Maxime Pivot Mabandza en compagnie de la blogueuse Fatou Ndiaye; Crédit photo: instagram @blackbeautybag Photo 2 : Les Japonais réalisant le tournage du documentaire avec Maxime Pivot Mabandza pendant l’encadrement des jeunes Photos 2&3 : Maxime Pivot Mabandza au Japon

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