L’histoire telle que nous l’avons vécue

Demain, mardi 29 avril 2014, paraîtra le deux millième numéro des Dépêches de Brazzaville. Une occasion unique de jeter un regard en arrière afin de mesurer le trajet parcouru depuis cette date, mythique à nos yeux, où, ayant pleinement mesuré l’ampleur du défi que nous nous lancions à nous-mêmes, nous avons pris la décision de créer l’Agence d’information d’Afrique centrale qui devait elle-même donner naissance, quelques années plus tard, au journal que vous tenez entre les mains.

Nous étions alors au tout début du mois de septembre 1996. Le Congo, qui n’avait pas su gérer harmonieusement sa transition vers la démocratie, tanguait sur une mer agitée dont pouvaient à tout instant surgir des vagues dévastatrices. Et l’on voyait bien qu’au cœur de ce désordre croissant figurait le manque de médias professionnels capables de rendre objectivement compte de l’actualité et donc de jouer le rôle dévolu à la presse dans toute démocratie digne de ce nom.

Sitôt créée, l’Agence d’information d’Afrique centrale entreprit donc de réunir des informations fiables et de les diffuser sous forme de dépêches par les canaux électroniques, alors balbutiants, qui devaient par la suite donner naissance à la formidable machine qu’est devenu aujourd’hui le Web. C’est ainsi que nous avons couvert les événements tragiques qui marquèrent les années 1997 et 1998 sans jamais travestir la réalité, en décrivant ce qui se passait à Brazzaville et dans différentes régions du Congo, en prévoyant aussi la suite des événements avec la renaissance spectaculaire d’un pays que l’on disait voué à la désunion, mais qui, en réalité, avait tout ce qu’il fallait pour se reconstruire rapidement.

Naturellement, et parce que la demande du public se faisait de plus en plus pressante, nous avons adjoint à notre agence de presse une publication imprimée, Les Dépêches de Brazzaville, qui parut d’abord sous la forme d’une revue trimestrielle, puis devint rapidement mensuelle. Centrée sur les reportages, les interviews, les analyses, les réflexions, cette revue attira vers elle un si grand nombre de lecteurs qu’il apparut très vite qu’à l’inverse des idées reçues, de plus en plus de Congolais cherchaient des médias écrits pour s’informer. Et c’est ainsi qu’en 2007 s’imposa à nous l’idée que le temps était venu de faire des Dépêches de Brazzaville un journal paraissant chaque jour et diffusé sur l’ensemble du territoire. Le pari semblait fou dans un pays où la presse quotidienne n’existait pas, mais il était juste.

Comptant au départ douze pages, paraissant cinq jours par semaine, imprimé et diffusé à trois ou quatre mille exemplaires seulement, notre quotidien a creusé en effet ce nouveau sillon beaucoup plus rapidement qu’il n’était prévu. Son audience a littéralement explosé, et sa notoriété a cru de telle façon qu’au bout de quelques mois il est apparu nécessaire de modifier radicalement son mode de fabrication. Grâce à l’acquisition d’une rotative, cette machine puissante et complexe capable d’imprimer un grand nombre d’exemplaires en un temps très court, les pages du journal ont passé de douze à seize puis à vingt-quatre, le nombre d’exemplaires imprimés chaque nuit s’est élevé à dix mille puis à quinze mille, et le journal est paru tous les jours de la semaine sauf bien entendu le dimanche.

À la veille de la parution du deux millième numéro des Dépêches de Brazzaville, nous ne comptons évidemment pas nous arrêter en si bon chemin. Devenu incontournable dans l’univers des médias africains, votre quotidien se prépare maintenant pour une nouvelle aventure. Avec l’ambition affichée d’être le premier média écrit du Bassin du Congo, diffusé par conséquent sur l’ensemble de cet espace immense qui sera demain, grâce à l’intégration régionale, l’une des communautés les plus dynamiques, les plus vivantes, les plus riches aussi du continent africain.

Déjà solidement implanté à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, notre quotidien sera présent dans quelques mois – du moins nous l’espérons – dans toutes les capitales et les grandes villes de l’Afrique centrale. Autant dire que le deux millième numéro des Dépêches de Brazzaville ne marquera pas la fin d’une époque, mais bien au contraire le début d’une nouvelle et belle aventure.