Littérature : les maisons d’édition au service des écrivainsLundi 19 Mai 2014 - 18:32 Les trois directeurs des maisons d’édition installées au Congo ont animé, le 16 mai à Brazzaville, une conférence débat dans le cadre des vendredis littéraires, sur le rôle et la vision des maisons d’édition pour les écrivains congolais Prenant la parole en premier, Motsé Akanati, directrice de la maison d’édition Metsio nouvellement implantée au Congo, a fait savoir : « C’est l’éditeur qui dirige une maison d’édition, c’est un véritable chef d’entreprise, qui est présent à toutes les étapes et tout au long du processus de la fabrication de l'ouvrage. Il recherche et choisit les ouvrages à éditer, prévoit un budget, assure également la commercialisation. L’éditeur présente les contrats, définit la force de vente et lance même le projet du manuel. » Motsé Akanati a poursuivi : « L'éditeur est aidé par un comité de lecture qui opère une sélection en tenant compte de la notion de coût. Il prend l’initiative de contacter les auteurs afin de leur proposer la réalisation d’un ouvrage en leur précisant les caractéristiques souhaitées. Il négocie le contrat en cas d’accord qui lie l’auteur à la maison d’édition, il suit la réalisation du manuscrit, le corrige ou le remanie. » Et d'ajouter : « La fabrication se déroule de la manière suivante : l’éditeur contacte les fournisseurs, c'est-à-dire le graphiste, l’imprimeur, le relieur, etc. L'éditeur définit les caractéristiques du livre, le format, le nombre de pages, les illustrations et la typographie ; il contrôle la fabrication et s’assure si les normes sont respectées pour le lancement du livre. » Comment le commercialiser et le promouvoir ? L’éditeur fixe le prix du livre en fonction du nombre de pages, du format, et assure la promotion. L’auteur peut aussi s’auto-éditer car beaucoup de gens l’ignorent. Le livre imprimé en noir et blanc n’a pas le même prix qu’un livre qui a des illustrations en couleur ou qui a beaucoup de tableaux ; ce prix est fixé par l’imprimeur en rapport avec l’éditeur. La maison d’édition Metsio donne la chance aux jeunes écrivains ,quelque soit leur âge. La directrice Motsé Akanati envisage de promouvoir l’écriture au féminin afin d’appuyer la promotion de la prise en compte du genre dans notre pays. Elle organisera dans les prochains mois le concours réservé aux femmes. « Notre vision se résume en trois mots : travail, résultats et succès. Il faut dynamiser le couple éditeur/auteur dans une relation gagnant gagnant », a-t-elle conclu. Jackson Makiozy Bansimba, directeur de la maison d’édition l’Harmattan Congo, implantée au Congo depuis 2009, dont la maison mère est en France, pense que les conditions de publication restent les mêmes en France et au Congo. L’auteur a l’obligation d’acheter les exemplaires contractuels du livre allant de 0 à 200 pages ; il achète 100 exemplaires et 50 exemplaires pour un livre depassant 200 pages. Jackson Makiozy Bansimba a révélé que sa maison d’édition offrait à certains auteurs la possibilité d’achat de ces exemplaires en guise d'acompte jusqu’à la concurrence du montant global. Que gagne alors l’auteur après tout cela ? Le directeur de l’Harmattan a expliqué qu’une fois le livre publié, l’auteur a un compte au niveau de l’Harmattan en France. À chaque fin d'année éditoriale, un relevé de vente est envoyé à chaque auteur. Sur les 500 exemplaires vendus sur toute l’année éditoriale, l’auteur ne bénéficie de 4% qu’à partir du 501e exemplaire vendu car, c’est la maison qui paye l’imprimeur pour reproduire son livre, l’auteur n’attend que ces dividendes. Pour Jackson Makiozy Bansimba, la maison l’Harmattan Congo aide les lecteurs à acquérir des connaissances variées et multi-dimensionnelles car, « un homme qui aime la lecture est un homme riche et formé, et cette formation du citoyen participe à l’émergence du pays ». Pour le professeur Mukala Kadima Nzuji, directeur de la maison Hemar, l’éditeur doit avoir du flair dans les nombreux manuscrits qu’il reçoit pour sentir là où il y a quelque talent. L’auteur a besoin de l’éditeur pour exister, c’est le contrat qui détermine les droits et les obligations de ces derniers. Et Mukala Kadima Nzuji d'insister : « Les jeunes écrivains doivent tout d'abord écrire, c’est la chose la plus difficile. Le problème de financement vient après. » L’œuvre littéraire résulte du travail et non pas de l’inspiration, le livre est le résultat d’une collaboration étroite. Le rôle de l’éditeur est d’aider l’auteur à accoucher d’une œuvre digne de ce nom. « Le problème de financement, pour moi c’est un faux problème. Écrivez, une fois que vous aurez écrit, déposez vos manuscrits. Il n’y a pas de génies méconnus. Et si tel éditeur refuse votre manuscrit, un autre pourra l’accepter », a indiqué le directeur de la maison d’édition Hemar. Cette conférence débat a éclairé l’anathème des préoccupations du public venu nombreux suivre et comprendre le rôle des maisons d’édition au Congo.
Rosalie Bindika Légendes et crédits photo :Photo 1 : Les directeurs des maisons d'édition.
Photo 2 : Le public lors de cette conférence. |