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Quand la contre-dot fait perdre la valeur de la dot !

Samedi 8 Février 2025 - 17:55

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Un phénomène social inouï est en train de prendre corps lors des cérémonies de remise de dot ces derniers temps sur toute l’étendue du territoire national  qui n’est autre que la « contre-dot ». Alors qu’est-ce que c’est ?

En des termes simples, la contre-dot, comme son nom l’indique, est l’ensemble des biens matériels et immatériels que la famille de la future épouse apporte lors de la cérémonie de remise de dot. Elle devient même de plus en plus « valorisée » que la dot elle-même. Cette pratique née dans les centres urbains s’étend presque dans tous les départements du pays à cause de la gourmandise des parents de la future épouse avec des fameuses listes interminables des biens qu’ils communiquent au jeune futur époux.

Or, dans les habitudes des Congolais, la dot a tout simplement un caractère symbolique ne dépassant pas la somme de cent mille francs CFA. Mais, la gourmandise des parents de la future épouse a créé cette réalité devenue courante, le « bonus », c’est-à-dire le surplus ou l’excédent des biens que le futur époux ajoute à ceux demandés pour signifier que quel que soit ce que la belle-famille a demandé, il est capable d’aller au-delà.

C’est cette attitude qui a fait naître comme une panique chez la belle famille et a occasionné la « contre-dot ». En fait, la belle famille se culpabilise elle-même en cherchant à rembourser les différents biens demandés avec extravagance pour éviter la honte chez sa fille dotée. Alors dans ce cas, on ne sait plus « qui dote qui ? ». Pire, le caractère socio-économique que prend la contre-dot ces derniers temps fait que la dot devient de plus en plus « écrasée » ou « phagocytée ».

« Notre fille ne doit pas être vendue, nous devons doter aussi leur fils », disait l’oncle paternel d'une future épouse lors d’une cérémonie de dot qui s’était passée à Loandjili, le 4e arrondissement de Pointe-Noire. C’est un véritable jeu du « donnant-donnant » qui naît entre les deux familles. Du coup, la future épouse se voit honorée par ses propres parents qui n’ont pas que seulement reçu des biens et de l’argent, mais ont aussi remis autant à la famille du futur époux. On assiste là à un véritable « potlatch » aux allures ostentatoires qui ne dit pas son nom.

Le constat est que ce comportement est aussi en train de créer un autre phénomène, celui de la « matrimonialité raccourcie » qui conduit des couples à passer outre la dot pour se présenter directement à la mairie et célébrer le mariage officiel.

Ceci étant, si les parents des futures épouses persistent avec des listes des biens qui s’allongent du jour au jour, la dot va purement disparaître écrasée par la contre-dot. Le futur époux préférera s’adresser directement au maire pour le mariage officiel.

A bon entendeur, salut !

 

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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