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Afrique-Europe : une nouvelle histoire commune ?Lundi 7 Avril 2014 - 5:25 Même si le sommet de Bruxelles s’est révélé décevant dans certains domaines – tout particulièrement celui du soutien de l’Union européenne aux forces africaines et françaises qui opèrent en Centrafrique –, force est de reconnaître qu’il a malgré tout rompu avec la stratégie de la langue de bois qui marquait les rencontres précédentes. Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer la Déclaration de Lisbonne et la Déclaration de Bruxelles, la première aussi courte qu’imprécise, la seconde énoncée en dix pages et structurée en soixante-trois points qui ouvrent la voie à un véritable partenariat. La « feuille de route » adoptée le 3 avril dans la capitale de l’Union européenne fixe, en son point 60, les priorités suivantes pour la période 2014-2017 : paix et sécurité ; démocratie, bonne gouvernance et droits de l’homme ; développement humain ; développement et croissance durables ; intégration continentale ; questions globales et émergentes. Et pour que l’on ne s’en tienne pas à de nobles discours comme ce fut trop souvent le cas dans le passé, la Déclaration de Bruxelles précise, en son point 62 : « La mise en œuvre des priorités fera appel à un large éventail d’initiatives politiques et d’instruments de financement. Pour la période 2014-2020, plus de 28 milliards d’euros seront alloués à l’Afrique par l’Union européenne, auxquels s’ajoutera la coopération bilatérale des États membres de l’UE. » Nous verrons dans les prochains mois si cet engagement se concrétise et si l’Europe s’engage dans un partenariat effectif avec l’Afrique. Mais, en attendant, rappelons une fois encore que le principal obstacle à franchir est celui de l’extrême pesanteur des institutions européennes qui ralentit au-delà du raisonnable les prises de décision et constitue un obstacle redoutable au développement de relations efficaces entre les deux continents. Élargie à vingt-huit pays, la communauté européenne est devenue une machine aussi lourde qu’inefficace. Elle discourt, gesticule, bavarde, s’écoute parler, mais n’agit guère comme on l’a vu ces dernières années dans toutes les crises auxquelles l’Union se trouvait mêlée d’une façon ou d’une autre. Et la quasi-paralysie dont elle fait preuve aujourd’hui dans la gestion de la crise centrafricaine illustre de façon tragique la paralysie institutionnelle qui la gagne au fur et à mesure que l’union s’étend sur le plan géographique. Si l’Afrique veut que les engagements pris à Bruxelles soient tenus, elle va devoir se livrer à un lobbying intensif au sein des différentes instances chargées de traduire en actes les nobles décisions prises lors du quatrième sommet Afrique-Europe. Si elle ne le fait pas, en effet, rien de concret ne sortira des discussions qui se dérouleront entre les technocrates des deux entités chargés de donner un contenu pratique aux engagements pris par les chefs d’État ou de gouvernement et résumés dans la Déclaration de Bruxelles. Plus que jamais il revient aux responsables politiques des deux continents de veiller à ce que les puissantes administrations de l’Union africaine et de l’Union européenne ne bloquent pas le processus esquissé à Bruxelles. Un processus historique dont pourrait surgir à terme un partenariat exemplaire, qui mérite une attention soutenue de part et d’autre, mais qui appelle une vigilance de tous les instants si l’on veut que la nouvelle histoire commune entre l’Afrique et l’Europe s’écrive réellement. Jean-Paul Pigasse Edition:Édition Quotidienne (DB) |