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Mieux vaut regarder …

Samedi 5 Août 2023 - 17:34

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Dans le moment très particulier que nous vivons où l’immense zone géographique du Sahel-Sahara plonge dans une forme de chaos qui ne dit pas son nom mais dont la crise du Niger donne une idée précise mieux vaut pour la France et ses alliés occidentaux regarder la vérité en face. Et reconnaître enfin qu’ils sont très largement responsables des tensions qui ne cessent de s’aggraver dans cette partie de l’Afrique.

La véritable cause, en effet, de ce chaos politique remonte aux années 2010 lorsque de façon pour le moins curieuse la France, alors présidée par Nicolas Sarkozy, décida de mettre fin au règne du « Guide » libyen, Mouammar Kadhafi, en soutenant ses opposants armés. Ceci pour des raisons officielles qui prétendaient permettre au peuple libyen de se doter enfin d’un régime démocratique mais qui, en réalité, visaient à se débarrasser d’un homme dont les confidences  politiques et autres auraient pu coûter cher, très cher, à la France.

Si nous évoquons ici, une nouvelle fois, ce problème, c’est parce que la colère dont font preuve les peuples de cette partie de l’Afrique à l’égard des Français et qui se traduit, à Niamey notamment, par des manifestations hostiles que la communauté française de ce temps paie au prix fort est en réalité très largement due à ce passé. Alors que la Libye de Mouammar Kadhafi était une nation certes anti-démocratique mais forte, stable et donc capable de faire régner l’ordre dans cette sous-région, elle est devenue après sa chute un pays faible, instable, divisé sur le plan interne, ce qui a permis aux tenants de l’extrémisme religieux venus du Proche et du Moyen-Orient d’imposer plus ou moins leur loi aux populations du Sahel.

Les mois et les années à venir diront pourquoi l’ancien président Nicolas Sarkozy a agi comme il l’a fait vis-à-vis du « Guide » libyen qu’il avait pourtant longuement courtisé au point de le recevoir à Paris avec faste durant son mandat. Et la justice française, qui instruit plusieurs procès contre lui, se chargera très certainement elle-même un jour ou l’autre de dévoiler  les causes réelles qui ont amené le locataire de l’Elysée, indirectement certes mais clairement, à mettre fin aux jours du Guide sous prétexte de faire de la Lybie une démocratie à l’occidentale.

En attendant que la vérité s’impose et que les juges français en tirent les conclusions, mieux vaut regarder la vérité en face afin de soutenir les régimes de la région qui dans le moment présent s’efforcent de restaurer la paix sur toute l’étendue de leur territoire. Et, de ce fait, prendre les dispositions qui aideront les populations de cette partie du monde à mieux se protéger contre les extrémismes religieux qui les menacent.

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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