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Le monde vu par l'Otan?

Samedi 16 Juillet 2016 - 14:30

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La Pologne a abrité, les 8 et 9 juillet, un sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) consacré, entre autres, au renforcement de l’unité de ses vingt-huit Etats membres et au raffermissement de liens avec l’Union européenne. L’Alliance atlantique n’a pas fait mystère de ses appréhensions à l’égard de son ennemi historique, la Russie, et d’un autre suffisamment teigneux, la rébellion afghane des Talibans. L’Otan est presque passée à l’offensive !

Sur le premier conflit, latent, il est vrai, sorte de guerre froide réchauffée, le rival est identifiable puisque la Russie existe bel et bien en tant qu’Etat. En revanche, les Talibans, eux, n’ont existé comme Etat que lorsqu’ils s’installèrent au pouvoir en Afghanistan entre 1996 et 2001. Malgré un activisme dur de peau, cette rébellion des Talibans est une nébuleuse qui se signale par les seuls moyens de l’attentat-suicide, de l’embuscade et de la bravade.

Cet ennemi sans territoire reconnu reste cependant un ennemi réel du fait de son imprévisibilité. Plus réel, peut-être que celui montré du doigt qui, en tant qu’Etat, doit se soucier de la survie de sa population, de ses institutions, de ses partenaires, de ses frontières et de son avenir. En cela, cet ennemi-là, redouté sans doute parce que puissance militaire indéniable, semble abordable. Plus que ne l’est celui qui écume l’Afghanistan et garde de liens étroits avec ses « cousins » qui sévissent en Irak, en Syrie, en Lybie, au Yémen, en Afrique de l’Ouest et Centrale, et dans toutes les cachettes dormantes du monde. Des cachettes qui s’éveillent quand elles le jugent opportun et sèment la mort par l’attentat.

Afin de montrer à la Russie qu’elle ne devra jamais plus répéter le geste qu’elle a accompli en 2014 d’annexer la Crimée sans qu’on ne lui fasse savoir avec force, l’Otan va monter en puissance sans attendre. Elle a ciblé quatre anciens pays de l’ex-bloc communiste aux frontières russes pour y déployer 4 000 hommes à raison de 1000 par pays. Ainsi donc, la Grande-Bretagne commandera le contingent d’Estonie, le Canada, celui de la Lettonie, l’Allemagne en Lituanie et les Etats-Unis d’Amérique les forces stationnées en Pologne. Là même où fut conclu, le 14 mai 1955, par les pays d’Europe de l’Est et l’ex-Urss, au plus fort de la guerre froide, le pacte de Varsovie, en réponse à l’avènement six années plus tôt de l’Otan, le 4 avril 1949.

L’Alliance atlantique disposera désormais d’une force en attente de 40 000 hommes, 5 000 d’entre eux mobilisables en 48 heures pour faire face à toute éventualité. L’axe fondateur de l’Otan comporte trois missions essentielles : « la défense collective, la gestion de crise et la sécurité coopérative ». À quoi s’ajoutent deux impératifs majeurs : « protéger ses citoyens grâce à une dissuasion et à une défense moderne, et projeter la stabilité au-delà de ses frontières ».  Au regard des annonces du sommet de Pologne, l’Alliance devra engager de nouvelles dépenses pour entretenir tout ce dispositif, on dirait prosaïquement, soutenir l’élan de belligérance qu’elle vient de mettre au jour. À l’heure où les motifs de crainte pour la stabilité des Etats et des ensembles régionaux sont nombreux, les enjeux géostratégiques et économiques semblent commander tout le reste.

Lors de leur sommet, les dirigeants de l’Otan ont évoqué la Russie bien sûr, en particulier le conflit qui l’oppose à l’allié ukrainien, mais aussi les tensions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la crise des migrants qui affecte L'Europe, l’Organisation de l’Etat islamique et d’autres groupes terroristes, la prolifération nucléaire, et aussi les cyberattaques. Il n’y a pas lieu, dans cet enchevêtrement de prémonitions de mentionner les tensions en Mer de Chine, le regard toujours suspicieux de l’Occident envers l’Iran, ses exaspérations vis-à-vis de la Corée du Nord : c’est que l’Otan a de nombreux chats à fouetter.

Même si, pour défendre leurs intérêts vitaux les Etats se feront toujours des guerres ouvertes ou souterraines, on peut se demander à l’heure actuelle, quelle est la priorité ? Est-ce la relance de la guerre froide dont tous les jalons semblent posés, ou la lutte contre le terrorisme qui nécessite tant de solidarité ? La réponse dépend certainement du lieu où l’on regarde le monde. Mais est-il encore un Etat épargné par le fléau ? Les peuples des pays du nord et du sud ne vivent-ils pas désormais les mêmes angoisses du lendemain ?

Gankama N'Siah

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