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Vacances scolaires. Où les enfants iront-ils se recréer ?

Lundi 4 Août 2014 - 10:41

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Étant donné que l'architecture et la configuration de bon nombre de nos villes n'ont pas prévu des espaces de divertissement pour les enfants et les jeunes, en termes de notamment de parcs sociaux pour leur épanouissement moral après avoir passé près de neuf mois de scolarité, il est impératif d'interpeller à la fois ceux qui ont la charge de tracer les plans directeurs de nos villes, les gestionnaires de celles-ci et les autorités en charge des questions de la jeunesse. Comment en effet moraliser les gamins lorsque ce qu’ils reçoivent comme éducation ne se passe pas dans des cadres construits, structurés et équipés pour répondre aux besoins divers des enfants ?

Les congés scolaires sont là et il est question que les enfants se débarrassent des stress des tableaux noirs, des devoirs et autres évaluations pédagogiques et aussi d’une certaine rigueur de certains établissements scolaires. C'est ainsi que la question de distraction des enfants devient une urgence à régler. Plus urgente encore ces derniers temps avec l’occupation des parcelles d’habitation et la galopante démographie dans nos villes. Où sont les urbanistes et topographes lorsqu’on sait que le syndrome de construire sans prévoir les espaces de récréation a atteint aussi des arrondissements périphériques nouvellement créés ?

Prenez, par exemple, les villes de Brazzaville et de Pointe-Noire avec des nouveaux arrondissements de Djirie et Madibou pour la première et  Mongo-Mpoukou et Ngoyo pour la seconde. Aucune prévision pour les espaces publics sur lesquels seront bâtis des lieux d’encadrement et d’épanouissement des jeunes. On assiste plutôt aux querelles interminables suite à des occupations anarchiques de terrains. Autrement dit, les loisirs des enfants et des jeunes ne font pas partie des préoccupations publiques.

Faute d'espaces de jouissance et d’encadrement social, on assiste sporadiquement à des volontés non contrôlées de certaines écoles privées, de certaines sociétés et associations humanitaires et de certaines personnalités de regrouper, à leur manière, quelques enfants pour des excursions, des vacances, des foires et autres. Et cela n’a pas d’effet de généralité ni de pérennité à cause de la cruciale question de la prise en charge des enfants. Alors, la conséquence immédiate de ce déficit d’endroits de divertissement pour les enfants et les jeunes dans nos villes, c’est le libre accès au phénomène destructeur des enfants appelé « vidéo-club ». Ces gamins ouvrent ces espaces pour tout projeter, notamment la criminalité, la pornographie, l’immoralité, l’incivisme et autres.

Paradoxe, les rares espaces susceptibles d'accueillir les enfants ont été transformés en bars, buvettes, boîtes de nuit. Parfois, ils sont pris d'assaut par des églises de réveil avec une forte nuisance sonore. Le cas de l'ancien Luna Park qui côtoie le rond point de Poto-Poto à Brazzaville ou non loin de là Celtel-City à Ouenzé, le 5è arrondissement. La tentative est ainsi grande pour un enfant de 13 ans de se livrer soit à la sexualité non préparée ou à la bière. Ces choses, pourtant dangereuses pour les enfants, sont devenues de vraies et seules distractions surtout pendant les vacances. 

Une chose est vraie : à Brazzaville, Pointe-Noire, Étoumbi, Dolisie, Ouesso, Owando, Makoua, Nkayi et dans d’autres villes, il est triste de voir des gamins dont l’âge est compris entre 14 et 17 ans se livrer à la bière sans limite sur les artères principales et ceci jusqu’aux heures tardives. dans un autre décor, toujours par manque d'espaces appropriés, d'autres gamins sont contraints d’occuper les artères et rues pour se livrer à n’importe quelle discipline sportive. Interrogés sur la situation, certains enfants et jeunes répondent : « où irons-nous nous distraire ? ». Traduction : si ces espaces existaient, de gré ou de force, certains gamins par un effet d’entraînement préféreraient jouer utilement au lieu d’aller se refugier dans les caves ou VIP à la mode. Les parents sont appelés à prendre leur responsabilité car ce n’est pas parce qu’il y a manque de vrais cadres de socialisation des enfants, pendant les congés scolaires, que les enfants sont autorisés à faire de n’importe quoi. L’urgence est là. Certes nos villes manquent d'espaces de distraction et d’encadrement, mais est-il trop tard pour les avoir ?

 

 

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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