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Nation congolaise

Samedi 23 Novembre 2024 - 16:38

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Le 28 novembre prochain marquera le jour anniversaire des soixante-six ans de la proclamation de la République du Congo. Passé sous silence pendant plusieurs années, l'événement est désormais célébré avec solennité autour du chef de l’Etat, des corps constitués nationaux et internationaux ainsi que des forces vives du pays. Une façon de rendre sa noblesse à l'histoire d'une jeune nation engagée depuis cette date symbolique à consolider son unité d’autant plus que sur ce parcours ô combien laborieux, le Congo a été confronté à une série d’épreuves douloureuses sans jamais renoncer à exister en tant qu’Etat aux côtés d’autres territoires composant notre vaste monde.

Se rappeler l’an 1958 ne signifie pas ignorer 1960, précisément le 15 août, moment inoubliable de l'indépendance nationale. Mais en cette année 2024, il y aura jour pour jour soixante-quatre ans que fut posé le jalon de la véritable création de notre nation. A chaque échéance de sa célébration, aux quatre coins du pays, les Congolais éprouvent une joie immense quand flotte le drapeau tricolore vert-jaune-rouge, tandis que la devise de la République « Unité-Travail-Progrès » leur rappelle les valeurs inestimables que sont la prospérité, la solidarité et le dépassement de soi.  

En terme de repères, les deux moments énoncés plus haut ne sont pas les seules étapes de ce long parcours. Mais quand ils remontent en mémoire, les noms de certaines figures historiques prennent de l’importance. Ce sont des êtres humains comme tous les autres, mais aussi des hommes vertueux et cela les distingue incontestablement parce qu’ils ont su surmonter les défis de leur époque avec lucidité.

Les pères fondateurs ? Pensons sans ambiguïté à Jean-Félix Tchicaya, Jacques Opangault et Fulbert Youlou. Nous leur devons sans doute les pénibles frictions de la première expérience pluraliste mais ils furent les trois leaders grâce à qui le régime démocratique prit la couleur locale à travers leurs formations politiques respectives : Parti progressiste congolais, Mouvement socialiste africain et Union démocratique de défense des intérêts africains. Bien avant la proclamation de la République et la déclaration d’indépendance.

Après trois décennies de règne du parti unique institué en 1963 a eu lieu, au début des années 1990, le nouveau rendez-vous du pluralisme politique. L'on se souvient des fortes tensions qui précédèrent cet aboutissement bâti entre la foi et l’incrédulité. Oui, il y eut une volonté partagée, en passant par un dialogue fondateur, sorte d’états généraux de la nation, de tenter une autre expérience à la suite de la désillusion monopartite, mais avec aussi la crainte de voir la grand-messe brisée par des vents contraires.

À Kinshasa, de l’autre côté du fleuve, les assises du même type mirent trois ans pour finalement aboutir à un cul-de-sac. La Conférence nationale souveraine dans l’ex-Zaïre se termina, en effet, en queue de poisson. Ailleurs ces « messes » furent littéralement étouffées dans l'œuf. On ne peut cependant revenir sur les succès et les ratés de ces clameurs démocratiques sans citer l’exceptionnel modèle béninois. Précurseur en la matière, le Bénin du général Kérékou inspira beaucoup sur le continent pour son exemplarité.

Il n'y a pas de doute, Mathieu Kérékou, le vieux « Caméléon », ainsi qu’on l’appelait, peut être considéré pour la promesse qu’il tint d’accompagner ce vent de l’histoire dans son pays. Dans le cas du Congo, notre pays, le président Denis Sassou N’Guesso s’est inscrit dans le même schéma. Oui : la liste des leaders congolais ayant contribué à l'avènement de la Conférence nationale souveraine de 1991 est longue et le mérite qui leur revient est inaltérable. Mais il y en a un parmi eux dont l'humilité, le tact et le discernement ont rendu ce moment possible et surtout paisible. Rendons à César…et tenons le pari de la tolérance, du dialogue et de la fraternité.

En cette période festive du 28 novembre 2024 précédant de quelques semaines l'année 2025, passerelle vers la présidentielle de 2026, le Congo aura besoin d'unité. Alors peut-être quand se poseront les questions lourdes de sens -décrispation de la vie publique, stabilité, transition générationnelle apaisée-, comme ce fut le cas il y a trente-trois ans au moment de la convocation des états généraux de la nation, se tourner vers lui avec cette question essentielle : Père de la nation, quelle orientation ?

Gankama N'Siah

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