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À quand le festival exclusif de la musique traditionnelle ?Lundi 7 Juillet 2014 - 12:03 Cette interrogation vient de l’observation faite ces derniers temps. En effet, lorsque n’importe quel festival dit de musique traditionnelle est organisé, on constate que la musique tradi-moderne prend le dessus sur la musique traditionnelle. De l’avis de certains observateurs, la musique traditionnelle tend à disparaître faute de véritable relai. Est-ce parce que le tradi-moderne s’est converti en fonds de commerce ? Voyons-le. Aucun département ou aucune sous-préfecture de la République n’échappe à cela à cause d’un certain laxisme qui s’est emparé des populations des villages. Celles-ci ne sont plus assez enthousiastes pour organiser des cérémonies populaires de jouissance faites de danses inter-villages. Un désintérêt pour des simples plaisirs qui ne rapportent rien à l’heure où le calcul est de gagner un peu d’argent. Conséquence : les danses folkloriques sont en train de disparaître petit à petit. Pour preuve, cet engouement qui anime les villages lorsqu’ils reçoivent des autorités politico-administratives. Les uns et les autres rivalisent d’ardeur pour montrer leurs talents de danseurs, de batteurs de tam-tam ou de chanteurs suscitant l’admiration des « citoyens de la ville » que sont les hommes politiques, nostalgiques, à cet instant, de leur longue jeunesse passée au village. « Cette danse-ci existe encore ? Pourquoi n’a-t-elle jamais été sélectionnée lors des festivals de danse que nous avons ? » C’est-là le genre de questions qu’une autorité politico-administrative, posait aux danseurs de sa contrée. En réalité, les festivals inter-villages, inter-sous-préfectures et autres devraient permettre de mesurer la variété et la richesse de nos danses traditionnelles en voie de disparition. Et, à partir de là, étudier des stratégies pour leur survivance. Car c’est un tord que de les évaluer à partir de la ville qui ne renvoie pas toujours la vraie réalité des choses. Encore que toutes les danses folkloriques n’ont pas été transportées en ville où se passent des sélections parfois « ratées ». Cette course effrénée vers la danse tradi-moderne, pour des raisons souvent commerciales, détruit la substance originelle de la vraie danse traditionnelle. Répétons-le, de nombreuses danses dites, à tort ou à raison, « traditionnelles » ne le sont pas du tout. Elles sont plutôt « tradi-modernes » en raison de la forte instrumentation moderne à laquelle on recourt souvent et du mauvais mélange avec la vraie musique traditionnelle. À titre d’exemple, les danses traditionnelles comme « Kondzi-Abega », « Iyoga », « Ondessa », pourtant encore pratiquées dans certains villages du pays, ne sont jamais sélectionnées. Aux opérateurs culturels, chroniqueurs culturels de comprendre que l’absence de ces danses traditionnelles aux festivals enfonce définitivement le clou pour leur extinction. Autrement dit, la pérennisation de ces danses traditionnelles demande qu’un soutien soit apporté à ceux qui la pratiquent et qui sont encore nombreux dans les villages. Eux seulement sont capables de nous présenter des spectacles inédits de danses vraiment traditionnelles qui permettent de retrouver les vestiges légués par les anciens. Tel est ce qui arriva lors d’un festival de danses avec le spectacle inédit offert par un groupe de la Cuvette-Ouest à travers leur danse appelée « Lenguéké ». Une chose est vraie, si hier ces danses traditionnelles se perpétuaient dans les départements des Plateaux, Lékoumou, Cuvette, Pool, Likouala, Kouilou, Sangha, Bouenza, Niari, Cuvette-Ouest, bref dans nos villages, c’était grâce au degré de leur transmission de génération en génération. Aujourd’hui, la peur est grande de voir ces danses disparaître avec l’urbanisation de l’ensemble des villages du Congo. Tenez ! Demander à un ressortissant de Sibiti, Bétou, Bilala, Ntokou, Mvouti vivant en ville d’interpréter une vraie chanson ou une vraie danse traditionnelle de chez lui, la réponse serait plus que décevante. Sauvons nos danses traditionnelles ! Faustin Akono Edition:Édition Quotidienne (DB) |